manège

manège [ manɛʒ ] n. m.

• XVI^e; it. maneggio, de maneggiare, du fr. manier

I ♦

1 ♦ Exercice que l'on fait faire à un cheval pour le dresser, le dompter. ⇒ équitation. Salle, leçons de manège. Exercices de manège (voltes, passades). Manège d'ensemble. ⇒ carrousel. « la garde à cheval qui fait son manège place de la République » (Romains).

2 ♦ Lieu où l'on dresse les chevaux, où l'on enseigne l'équitation. Manège couvert.

3 ♦ (1812) Techn. Appareil utilisant la force d'un animal pour faire mouvoir une machine. Le « cheval de manège qui tourne en place, les yeux bandés » (Flaubert).

4 ♦ Manège de chevaux de bois : attraction foraine où des animaux (des chevaux de bois à l'origine), des véhicules où prennent place les enfants, sont disposés sur une plateforme circulaire entraînée dans un mouvement rotatif. ⇒région. carrousel. — Absolt Faire un tour de manège.

II ♦ Fig. (1606)

1 ♦ Vx Manière, art de se comporter envers des êtres ou des choses; intrigue.

2 ♦ Mod. Comportement habile et trompeur pour arriver à ses fins d'une manière dissimulée. ⇒ agissements, artifice, intrigue , machination, 1. manœuvre, rouerie. Observer le manège de qqn. Je comprends son petit manège. ⇒ jeu. « Son obstination à me séduire et à me repousser, ce manège qui durait depuis un an déjà » (Louÿs).

● manège nom masculin (italien maneggio, de maneggiare, manier) Bâtiment couvert, où se pratiquent les exercices d'équitation. Ensemble des exercices destinés à apprendre à un cavalier à manier correctement son cheval. Construction de forme circulaire animée d'un mouvement rotatif, sur le plancher de laquelle sont ancrés divers véhicules et silhouettes d'animaux où prennent place les enfants (manège de chevaux de bois) ou des adultes ; attraction foraine ayant la forme d'un circuit. Manière habile voire retorse de se conduire, d'agir ; agissements : Observer le manège de quelqu'un. Machine actionnée par des animaux qu'on utilisait autrefois pour communiquer un mouvement rotatif continu à un arbre moteur. Parcours circulaire effectué par le danseur, autour du studio de travail ou de la scène, en une suite de pas rapides sur pointes ou demi-pointes ou en sautant. Piste du cirque ; spectacle qui s'y déroule. ● manège (citations) nom masculin (italien maneggio, de maneggiare, manier) Jean de La Bruyère Paris 1645-Versailles 1696 Il y a quelques rencontres dans la vie où la vérité et la simplicité sont le meilleur manège du monde. Les Caractères, De la cour circonstances ● manège (expressions) nom masculin (italien maneggio, de maneggiare, manier) Manège de traite, salle de traite tournante surtout utilisée pour les vaches. (Les trayeurs travaillent au centre du manège, qui fait un tour complet pendant la traite d'un animal.) ● manège (synonymes) nom masculin (italien maneggio, de maneggiare, manier) Manière habile voire retorse de se conduire, d'agir ; agissements

Synonymes :

- agissements

- intrigue

- manigance

- manoeuvre

- menées

- roublardise

- rouerie

- subterfuge

manège

n. m.

rI./r

d1./d Lieu où l'on dresse les chevaux et où l'on donne des leçons d'équitation. Mettre un cheval au manège.

d2./d TECH Appareil composé d'une poutre horizontale engrenée dans un axe vertical, à laquelle on attelle un cheval; machine mue par ce dispositif. Manège à puiser l'eau.

d3./d Par anal. Attraction foraine dans laquelle des animaux figurés ou des véhicules divers tournent autour d'un axe central. Syn. (Belgique, Maurice, Québec, Réunion, Suisse) carrousel.

rII./r Fig. Manière d'agir artificieuse pour parvenir à qqch. Je ne suis pas dupe de son manège. Syn. jeu, manoeuvre.

⇒MANÈGE, subst. masc.

A. — ÉQUITATION

1. Art de dresser un cheval; ensemble des exercices nécessaires à cet effet. Un cheval bon pour le manège, dressé au manège; mettre un cheval au manège; faire le manège (v. manéger A). J'ai eu l'honneur de prendre des leçons de manège à Paris dans la Grande Écurie, et je me flatte de ne pas les avoir oubliées (MÉRIMÉE, Débuts aventur., 1853, p. 340). Les damoiseaux et les chevaliers (...) s'entraînent à dresser et à manier leurs chevaux selon les règles du manège (FARAL, Vie temps St Louis, 1942, p. 205).

— P. ext.

a) Vx. Ensemble des connaissances relatives au cheval (d'apr. LITTRÉ). Synon. hippologie.

b) Dans un spectacle d'équitation, ensemble des évolutions équestres, des exercices de haute école:

• 1. ... le privilège accordé en 1835 par le ministre de l'Intérieur à Dejean, directeur du Cirque Olympique, de faire représenter des pièces, mentionnait comme condition expresse (...) que les représentations théâtrales devraient toujours être précédées ou suivies de manoeuvres de cavalerie et d'exercices de manège.

Hist. spect., 1965, p. 1523.

2. Salle de manège et, p. ell., manège. Lieu où l'on procède au dressage des chevaux, à la formation des cavaliers. Manège couvert, découvert; maître de manège. Le manège de dressage réglementaire mesure 60 m x 20 m (...). Le sol est en terre battue, recouverte d'une couche de substance très meuble (TONDRA Cheval 1979):

• 2. Je n'avais jusqu'à présent connu de chevauchées que celles du manège, fastidieux défilé des élèves sous les regards critiques du maître qui rectifiait les positions; mornes tours et retours, une heure durant, dans une morne salle close.

GIDE, Si le grain, 1924, p. 555.

— P. ext.

a) École d'équitation. Le XIX^e siècle vit également le triomphe de la haute école, dont le nom même a été emprunté à l'équitation savante, et où l'on retrouve les grandes traditions des manèges royaux (Hist. spect., 1965, p. 1524). À Saumur (...), lorsqu'on parle du «manège», on sous-entend le Cadre Noir (TONDRA, Cheval 1979).

b) Établissement où l'on pratique l'équitation. Fontanet m'apprit qu'il prenait des leçons d'équitation dans un manège et qu'il devait bientôt faire une promenade à cheval au Bois (A. FRANCE, Vie fleur, 1922, p. 480).

♦Cheval de manège. Octave Sarrasin, qui (...) savait à peine rester en selle sur les chevaux de manège qu'il louait à l'heure, était devenu (...) un des hommes (...) les plus (...) versés dans les mystères de l'hippologie (VERNE, 500 millions, 1879, p. 169).

B. — [P. anal. avec le mouvement circulaire que décrivent les chevaux dans un manège]

1. CHORÉGR. ,,Mouvement (...) qui consiste à tourner en rond autour de la scène en pivotant sur soi-même, soit sur les pointes, soit sur les demi-pointes, ou en sautant`` (REYNA 1967). Ces démonstrations [manèges prolongés, sauts puissants, entrechats multipliés, etc.], qui s'apparentent aux compétitions athlétiques, viendront renforcer l'action artistique, mais ne sont pas indispensables (BOURGAT, Techn. danse, 1959, p. 20).

2. TECHNOL. Appareil formé d'un arbre vertical portant une perche horizontale à laquelle on attelle un animal, qui permet d'utiliser la force de celui-ci pour faire mouvoir une machine. Attelés au manège qui met en mouvement la machine à battre, deux chevaux robustes, las et patients, la tête dans un sac, tournent incessamment (A. FRANCE, Vie littér., t. 2, 1890, p. 52). Un treuil vertical actionné par un manège à cheval servait à l'enlèvement des déblais, à la descente et à la remontée du personnel (CHARTROU, Pétroles natur. et artif., 1931, p. 42):

• 3. Elle entra dans l'odeur forte des vieux buis qui entouraient le manège pour monter l'eau, et où l'ânesse Grisette dormait debout sur son routin de fumier. Félicité, d'un geste coutumier, piqua de son ombrelle le vieux cuir de la bête qui rua, puis s'ébranla.

MAURIAC, Génitrix, 1923, p. 352.

♦P. ext. Appareil muni d'un train d'engrenage et fonctionnant à l'aide de moteurs (d'apr. Ac. 1935).

— En partic. Appareil d'attraction foraine constitué par une plate-forme circulaire entraînée par un axe vertical, sur laquelle sont disposés des figures d'animaux, des véhicules, où se placent les enfants. Manège de chevaux de bois; faire un tour de manège. Ils arrivaient sur le boulevard de Clichy où somnolaient des baraques foraines; deux enfants tournaient en rond sur un petit manège; les montagnes russes dormaient sous une bâche (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 280):

• 4. Un beau manège, avec des glaces dans tous les sens, et taillées à facettes, et de l'or, et les vaches la langue pendante et rose, les cochons avec des rubans bleus et des noms de femmes, les cygnes traînant des chars en velours rouge avec des clous de cuivre; et près de la caisse, au centre, la mécanique à musique toutes en tuyaux, dans un cadre de fleurs bleues et blanches...

ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 161.

♦P. ext. Attraction foraine. Mais les gens s'amusaient bien davantage dans le manège aux automobiles (...) à cause des espèces d'accidents qu'on n'arrêtait pas d'avoir là-dedans et des secousses épouvantables que ça vous donne dans la tête et aux tripes (CÉLINE, Voyage, Paris, Gallimard, 1975 [1932], p. 394).

C. — Au fig. [P. allus. au fait que les chevaux de manège, parfaitement dressés, se plient à toutes les sollicitations]

1. Vx. Art de se comporter envers les personnes, les choses. Veut-on écraser un individu isolé, sans manège, sans appui? On le calomnie dans un libelle; puis on l'empêche de publier sa justification (MARAT, Pamphlets, Offrande à la Patrie, 1789, p. 25). Ce qui manque à Cousin, c'est l'entière franchise: il fait de la politique en tout, il a du manége (SAINTE-BEUVE, Cahiers, 1869, p. 51):

• 5. Les Tuileries sont un salon, un salon en plein air, où les petites filles apprennent les manéges, les gentillesses et les précautions du monde, l'art de coqueter, de minauder et de ne pas se compromettre.

TAINE, Notes Paris, 1867, p. 70.

2. Comportement adroit et artificieux d'une personne pour arriver à ses fins d'une manière indirecte. Manège d'hommes politiques. Alexis n'était pas saoul, il voyait fort bien les manèges d'Henriette auprès de Paulais, et comment celui-ci y répondait, et la jalousie de la femme cadavérique avec sa peau grillée (TRIOLET, Prem. accroc, 1945, p. 191):

• 6. ... les femmes furent d'autant plus généralement éprises de ce caractère original, qu'il échappait à leurs adroites flatteries, à ce manège par lequel elles circonviennent les hommes les plus puissants, et corrodent les esprits les plus inflexibles.

BALZAC, Langeais, 1834, p. 240.

— P. anal. Le grand public (...) suit (...) avec scepticisme le manège des négociations du désarmement avec sa succession d'échecs (GOLDSCHMIDT, Avent. atom., 1962, p. 174).

3. P. ext., fam. Attitude, manière d'agir qui paraît incompréhensible. Ce matin même, et en présence d'une personne tierce, vous avez compromis ma fille!... Que signifie ce manège? (TOEPFFER, Nouv. genev., 1838, p. 233).

— P. anal. [En parlant d'un animal] Suivre de l'œil, sans en avoir l'air, le manège d'un crabe qui s'enfouit dans le sable (RENARD, Journal, 1893, p. 167).

Prononc. et Orth.:[]. Ac. 1694, 1718: -nege, 1740: -nège, 1762-1835: -nége, 1878, 1935: -nège. Étymol. et Hist. 1. 1611 «lieu où l'on exerce les chevaux; action d'exercer les chevaux» (COTGR.); 1812 «appareil servant à utiliser la force des chevaux pour faire mouvoir une machine» (MOZIN-BIBER); 1893 manège de chevaux de bois (DG); 2. 1671 au fig. «manières d'agir adroites et artificieuses» (M^me DE SÉVIGNÉ, Lettre à M^me de Grignan, 11 nov. ds Corresp., éd. R. Duchêne, t. 1, p. 377). Empr. à l'ital. maneggio, att. au sens de «dressage des chevaux» dep. 1590 (GRISONE ds BATT.), proprement «maniement, exercice, etc.», déverbal de maneggiare (manéger). Fréq. abs. littér.:539. Fréq. rel. littér.:XIX^e s.: a) 533, b) 690; XX^e s.: a) 770, b) 1004. Bbg. HOPE 1971, pp. 207-208. — MACK. t. 2 1939, p. 139. — QUEM. DDL t. 12.

manège [manɛʒ] n. m.

ÉTYM. XVI^e; maneggio, de maneggiare « manier », du français.

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I

1 Vx. Hippologie, hippotechnie.

♦ Mod. Exercice (cit. 5) que l'on fait faire à un cheval pour le dresser, le dompter. ⇒ Équitation. || Faire le manège. ⇒ Manéger. || Mouvements de manège : voltes, passades… ⇒ Mouvement. || Manège d'ensemble (⇒ Carrousel). || Cheval bon pour le manège. || Fouet de manège. ⇒ Chambrière. || Salle de manège.

1 Il n'y a d'un peu voyant (à Paris le 1^er mai 1909) que (…) la garde à cheval qui fait son manège place de la République, un rang puis un autre balayant lentement la chaussée comme les pales d'une roue.

J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. V, XXVIII, p. 300.

♦ Termes de manège, vocabulaire du manège : termes d'équitation, de dressage, ou concernant le cheval.

♦ Chorégraphie. Mouvement qui consiste, en pivotant sur soi-même, à tourner en rond autour de la scène.

2 Lieu où l'on dresse, monte les chevaux. || École d'équitation installée dans un manège. || Manège couvert. || Être familiarisé (cit. 9) avec le manège. — Par ext. Piste d'un cirque.

2 287 chevaux sont exercés tous les jours dans les deux manèges (de Versailles, sous Louis XVI)…

Taine, les Origines de la France contemporaine, t. I, I, p. 144.

3 (1812). Techn. Appareil utilisant la force d'un animal pour faire mouvoir une machine. || Arbre de transmission vertical, engrenages d'un manège. || Machines agricoles (treuil, pompe, batteuse…) autrefois mues par un manège. || Cheval de manège qui tourne en rond, les yeux bandés (cit. 3).

4 (1893). Cour. || Manège de chevaux de bois, et, absolt, manège : attraction foraine où des chevaux, des animaux de bois, de métal, etc. servant de montures aux enfants, sont disposés circulairement autour d'un axe et entraînés par celui-ci. || Manèges d'une fête (cit. 14) foraine. || Faire un tour de manège à la foire. || Manèges des ducasses flamandes. ⇒ Carrousel.

♦ Par ext. || Manège de bicyclettes, d'autos. || Manège à sièges tournants (→ Limonaire, cit. 1).

3 Les modestes chevaux de bois, gloire de nos enfances, sur lesquels je n'osais pas monter, sont devenus de somptueux manèges (…) Des manèges à vapeur et à l'électricité (…) Où est le vieux cheval aux yeux bandés qui du matin au soir tournait, tournait le manège comme pour faire monter l'eau d'un puits ?

Ch. Péguy, Victor-Marie, comte Hugo, p. 60.

5 Techn. || Manège d'avions : ensemble d'avions qui tournent en l'air à des hauteurs différentes en attendant de pouvoir se poser (→ Empilage, pile d'attente).

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II (1671, M^me de Sévigné). Fig.

1 Vx. Manière, art de se comporter envers des êtres ou des choses. Absolt. || Avoir du manège : savoir se comporter habilement. || Esprit d'intrigue et de manège (→ Écouter, cit. 9).

4 (…) il y a bien des petites choses qu'il faut encore lui apprendre pour le manège de la société et de la conversation.

M^me de Sévigné, 1110, 22 déc. 1688.

5 Genlis (…) avait de l'esprit et du manège, et n'avait d'autre connaissance ni d'autre protection que celle dont il avait tout reçu.

Saint-Simon, Mémoires, I, XIV.

2 Mod. Comportement habile et artificieux pour arriver à ses fins. ⇒ Agissements, artifice, astuce, intrigue, machination, manœuvre, rouerie. || Manège de courtisans, d'hommes politiques. || S'apercevoir d'un manège. || Je comprends son petit manège.

6 Plusieurs étrangers (…) trouvaient ces expectatives de successions si avantageuses à l'Espagne, qu'ils croyaient un manège caché de propositions bien avantageuses que le roi d'Espagne avait faites au Régent.

Saint-Simon, Mémoires, V, LII.

7 (…) il ignora la souplesse du manège, la bassesse de l'intrigue, et tous ces moyens méprisables qui mènent aux dignités par l'avilissement (…)

d'Alembert, Discours de réception à l'Académie, 19 déc. 1754.

♦ Spécialt. || Se laisser prendre au manège d'une coquette. || Manège de coquetterie (→ Échanger, cit. 12). || Manèges par lesquels les amants cherchent à plaire. ⇒ Jeu (→ Cour, cit. 24).

8 Christophe (…) suivait le manège de la fille avec des yeux ardents et furieux : il avait l'esprit libre assez pour n'être pas dupe de ses roueries; mais il ne l'avait pas assez pour ne pas s'y laisser prendre (…)

R. Rolland, Jean-Christophe, La révolte, p. 612.

9 Son obstination à me séduire et à me repousser, ce manège qui durait depuis un an déjà (…) arrivait à exaspérer ma tendresse la plus patiente.

Pierre Louÿs, la Femme et le Pantin, VIII.

♦ Par ext. Manière d'agir qui paraît incompréhensible ou ridicule.

10 Longtemps j'ai considéré ces manèges (des mortifications excessives) comme extravagants, et pour le moins superflus.

G. Duhamel, Salavin, Journal, 10 mars.

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DÉR. V. Manéger.

Encyclopédie Universelle. 2012.